lundi 25 avril 2011

Projet de volontariat a Quelonios

De retour de deux semaines en parfait isolement dans la nature, sans électricité ni internet (ni eau courante à certains moments), il m'est à présent possible de rédiger les nouvelles péripéties de mon voyage et de mettre à jour mon blog.

Après être revenue pour une nuit a San José, dans ma famille d'accueil, de retour de Romelia, je suis repartie dès le lendemain pour enchaîner directement avec un second projet, pour deux semaines également. Je me suis rendue cette fois sur la Côte Caraïbe, de l'autre côté du pays, entre Tortuguero et Puerto Limon, dans une petite communauté tout à fait isolée, en bord d'une large plage où viennent actuellement se reproduire une espèce de tortue de mer. Je parle d'isolement car le site n'est accessible que par bateau (barque). Le projet se trouve sur une bande de terre entre la mer d'un côté et un dédale de canaux plus ou moins larges de l'autre.

Après être arrivée avec le bus à la ville de Batán, où nous attendait Luis, le chef du projet (ouf, cette fois c'était vrai !!), nous avons pris un taxi pour une demi heure de route, à travers les plans immenses et interminables de bananes (entre autres les bananes Chiquita que nous achetons en Belgique). Le taxi nous emmène donc au bord du petit canal où nous devions prendre un bateau, pour trois quarts d'heure de voyage à travers la nature, les plantes, mangroves, fleurs, oiseaux divers, labyrinthe de canaux qui, par endroits, se jettent dans la mer et offrent alors une vue splendide sur l'embouchure, où vivent sous tente ou cabanon quelques familles de pêcheurs. Voici quelques prises de vues des canaux traversés et des maisons qui les bordents.




 Luis, le chef du projet volontaire de Quelonios




Nous arrivons au camp de Quelonios vers une heure de l'après-midi. S'en suit la découverte des lieux et des installations.. Je voyage ici avec un ami de l'école d'espagnol, Julian, qui souhaitait faire ce même projet. Lors du trajet, nous rencontrons deux autres filles qui, comme nous, rejoignent le projet pour deux semaines. A quatre, nous prenons possession d'une des petites cabines (toute petite chambre de deux lits superposés et toilette) où nous posons nos affaires. Cette fois, je ne me suis pas encombrée de ma grande valise. Trois shorts et deux maillots de bain suffisent plus ou moins. Comme nous travaillons dans le sable sous un soleil de plomb, nous n'avons besoin de presque rien d'autre ! Luis nous fait visiter les lieux : le jardin de plantes médicinales, la serre aux papillons en construction, le potager, la petite plantation d'ananas, la cuisine, pour terminer par le vivero, à environ 25 minutes de marche du camp.

Le vivero de ce projet n'a absolument rien de comparable à celui que j'ai connu à Romelia (qui était encore en construction). Celui-ci est totalement efficient et quasi terminé. Ici, l'espèce de tortue qui se reproduit est la tortue Baula et actuellement, nous sommes en plein dans sa période de reproduction. Le vivero contient déjà 35 nids et peut en accueillir plusieurs centaines (200 ou plus). Le premier nid date du 23 février de cette année.

  
  Voici le vivero, bien haut sur la plage, plus haut que le niveau de la marée haute évidemment. 
Les nids sont alignés dans l'ordre de leur ancienneté. Une partie des nids est à l'ombre, car le sexe des petites tortues n'est pas déterminé par les gènes mais bien par la température du nid ! Il faut donc varier les positions des nids pour assurer la mixité des bébés. L'entièreté du vivero est entouré de grillage pour empêcher les "gros prédateurs" (rongeurs, ratons laveurs et autres).


 Chaque nid est reproduit à l'identique du nid construit par la tortue (même profondeur et même largeur) et est protégé par un petit grillage et une toile afin d'empêcher les "petits prédateurs" (crabes, oiseaux...).

 Les oeufs de la tortue Baula ressemblent à une balle de golf en deux fois plus grand. 
Ils sont relativement durs et lourds.




Nous faisons connaissance avec les autres volontaires (surtout des Allemands, et sinon des représentants de Suisse, Suède, Etats-Unis, France..) et prenons connaissance des horaires de travail. Une journée de volontariat à Quelonios se passe ainsi : petit déjeuner à 8h, travail de 9h à 11h, dîner à 12h, travail de 15h à 17h, souper à 17h (et oui, c'est super super tôt. La raison est qu'on profite pour souper quand il y a encore la lumière du soleil. Car vers 18h la nuit tombe et il n'y a pas d'électricité) et patrouilles sur la plage de 20h à 24h ou de 22h à 2h du matin. Autant dire que de faire une patrouille de 22h a 2h, quand on a soupé a 17h, c'est un peu dur ! :)

Le travail que l'on est amené à faire se divise entre les activités suivantes :

l'entretien des différents jardins de plantes (ananas, potager, arbres fruitiers et plantes médicinales)

la construction de la serre à papillon

la suite de la construction du vivero : filtrer des quantités de sable afin d'obtenir un sable impeccable pour y déposer les oeufs des tortues

la surveillance du vivero : dès le début de la saison de ponte des tortues et jusqu'à l'éclosion du dernier nid, il est impératif d'avoir une présence constante (sans aucune interruption) dans le vivero, par tous les temps et à toute heure. De 6h du matin à minuit, les volontaires de Quelonios et d'un autres camp qui travaille avec le même vivero (Tortuga Feliz) se relayent pour faire les tours de surveillance. La nuit, un homme y travaille de manière rémunérée. Que faut-il faire pour la surveillance des nids ? Surtout : être présent et attentif. Aucun animal ne peux entrer dans les nids (crabes, fourmis... représentent un danger car ils peuvent dévorer les oeufs). Toute les 15 minutes plus ou moins, il faut donc faire le tour du vivero pour examiner chaque nid. Toutes les 6h, il faut aussi relever les températures (à l'ombre, au soleil et à l'intérieur d'un nid) afin de faire des études. Pour les volontaires de Quelonios, les tours de surveillance durent 4h. Si c'est en journée (de 10h à 14h), on reste seul. Si c'est pendant la nuit (de 20h à 24h) on est à deux.

 L'incubation des oeufs dure environ deux mois, ce qui signifie que les oeufs du premier nid (du 23 février) devaient éclore plus ou moins à la fin de la semaine dernière. Pour mon dernier jour, ou plutôt ma dernière nuit, j'ai demandé de pouvoir faire la surveillance du vivero de 20h à 24h avec une autre volontaire du projet, Dakota. Nous avions tellement envie de vivre ce moment magique qu'est celui de voir naître des petites tortues. A notre arrivée, le volontaire qui terminait son tour de garde nous annonce que 30 bébés sont sortis dans la dernière heure ! Nous avons eu la chance d'en voir trois de plus sur le temps de notre garde. Un moment haut en émotions ! Toutes les 5 minutes, nous jetions un coup d'oeil avec notre lampe rouge dans le premier nid. Un moment, le sable se mit à bouger sensiblement à un petit endroit... et une petite tête de 1cm pointa le bout de son nez. Munies de gants comme les chirurgiens, nous dégageons peu à peu le sable autour du petit trou afin de l'aider à sortir. Surprise, il n'y en a pas une mais 3 ! Elles se débattaient avec leurs petites pattes et grimpaient les unes sur les autres afin de sortir du nid. Une fois sorties, nous les avons précautionneusement posées dans un saut rempli de sable afin de les sortir du vivero et de les amener près de la mer. Nous les avons posées à environ 5m de la mer afin de leur laisser faire ce chemin seules. Ceci est important pour leur permettre d'enregistrer le lieu de leur naissance, car elles y reviendront instinctivement dans plusieurs dizaines d'années pour y pondre à leur tour. Cette nuit-là, il drachait d'une pluie diluvienne, mais d'être détrempées nous importait bien peu puisque nous vivions ce moment magique !

les patrouilles : puisque les tortues sortent de la mer pour pondre la nuit, il est important, si l'on veut pouvoir les mesurer, les marquer et récolter leur oeufs pour les mettre dans le vivero, de patrouiller la nuit pour les repérer et arriver à temps. Arriver à temps ? Oui car sur la même plage (longue de 6km) sur laquelle on patrouille, d'autres personnes patrouillent mais dans un objectif tout autre : voler les oeufs de tortues pour les vendre dans le cadre d'un trafic illégal (une des causes de la disparition progressive de l'espèce). En effet, nous travaillons sur la même plage en même temps mais dans un objectif opposé. C'est très étrange, cela ressemble un peu à une course à qui verra la tortue en premier.

Comment se passe une patrouille ? A 20h, entre deux et quatre volontaires ont rendez-vous au vivero avec un guide (un homme de la communauté qui connait le métier, a une licence et connait la plage et les tortues sur le bout des doigts). Nous devons être vêtus de vêtements foncés pour ne pas refléter la lueur de la lune (ce qui fait fuir les tortues). La seule chose dont on a besoin de se munir est d'une lampe de poche à lumière rouge. Pour la même raison, la lumière rouge est la seule que nous utilisons en présence des tortues pour ne pas les effrayer ou les déranger, c'est une lumière moins forte et moins bien perçue par l'oeil de la tortue. Inutile de préciser que les photos au flash sont donc interdites. Ah oui, il faut aussi se munir d'eau car marcher 4h de suite sur une plage (dont le sable est mou et chaque pas s'enfonce bien fort), avec le sable qui renvoie la chaleur de la journée, c'est très très intense. Sans compter qu'il est tard et qu'on a soupé à 17h !! On arpente donc les 6 km de plage (12 km l'aller retour) en file, dans le noir total (la lampe rouge ne sert que lorsque l'on trouve une tortue ou un nid), sans parler, ou pas trop fort, en guettant le bord de la mer à la recherche d'une éventuelle tortue. Les tortues sortent de préférence lorsque la lumière de la lune n'est pas trop forte. C'est à dire soit quand elle est cachée par des nuages, soit après 23h lorsqu'elle s'en va derrière les arbres qui bordent la plage.

Je n'ai pas eu beaucoup de chance lors de mes patrouilles car la lune brillait chaque fois très fort (on pouvait voir notre ombre dans le sable). Après 4 patrouilles sans tortue, j'ai demandé à faire la patrouille de 22h à 2h du matin afin d'avoir plus de chance d'en voire une. Cette nuit a été la plus dure, mais j'en ai finalement vu une ! Malheureusement, les voleurs d'oeufs sont arrivés avant nous et nous n'avons pu récolter les oeufs (la loi du premier arrivé), mais nous l'avons cependant mesurée et marquée d'une sorte de piercing numéroté. La tortue qui se reproduit sur cette plage est la tortue Baula, la plus grande des espèces de tortues de mer. Celle que j'ai vue mesurait plus d'un mètre et demi et devait peser entre 200 et 300kg. Avec ses pattes arrières, elle creusait conscienscieusement son nid, en éjectant le sable, lentement, avec une patte et puis l'autre. C'est incroyablement impressionnant !

Voilà pour ce qui concerne le travail au projet de Quelonios. Pour le reste du temps, nous étions libres de faire ce que l'on voulait pour nous détendre. Comme il n'y a rien à faire de spécial, notre temps libre se partageait entre les jeux de cartes, la lecture ou le repos sur la plage, les parties de volleyball et autres activités ou discussions entre volontaires. Grâce à tous ces petits moments de plage et de bronzette, me voilà maintenant toute brune !


 Les cabines (chambres) alignés les unes à côté des autres, logement des volontaires. 

Mon petit lit à l'intérieur

 La partie de terre qui sépare les cabines de la plage.. 
Quelques mètres de sable noir sous les arbres et palmiers où pendent quelques hammacs.
Les petits sentiers sont délimités par des bogues de noix de coco.

 A l'arrière des cabines, l'évier qui sert à tout : douche, lavage des dents et des vêtements.

 La cuisine, juste à côté des chambres, avec une table et quelques bancs à l'extérieur

Partie de volleyball entre nous





 Pause pipa (= lait de coco fraichement cueillie) sur la plage..

 Dakota, des Etats-Unis et moi

 Eva (allemande) qui fait la tortue, lors de "jeux fous" organisés sur la plage par le staff du projet.

Julian qui creuse son nid de tortue.. ;)

Courses relais en marche de crabe !

Lors de ce projet, j'ai rencontré de super personnes avec qui j'ai beaucoup partagé. Pour les plus importants : Dakota, une américaine, Mila, française, Eva, allemande, et toujours Julian avec qui je voyageais et dont j'ai déjà souvent parlé. A la moitié du projet, je suis partie deux jours pour voyager avec Mila, Eva et Thérèse (une suédoise) plus au Sud de la côte Caraïbe. Nous sommes descendues en bus jusque Puerto Viejo, un petit village touristique aux plages de sable fin. Trop touristique pour moi, mais sympa tout de même. Une après-midi de détente avec plage et glace au programme. Le soir, nous sommes sorties danser dans un petit bar local (le seul animé du village) : ce qui m'a frappée est que toutes les filles sont étrangères et tous les garçons sont costariciens (quasi) !

 Mila (française), une belle rencontre..

 Mila, Eva et moi

 Puerto Viejo


 Nous quatres lors de notre petit repas à Puerto Viejo

Le lendemain, nous remontons avec le bus jusque Cahuita, un petit village et un parc national absolument magnifiques. Nous nous y sommes promenées une bonne partie de la journée, entre les singes et les paresseux, la nature maître des lieux et les plages de rêve. Nous avons trouvé là une petite plage plus belle que sur les cartes postales : eau transparente, peu profonde sur plusieurs dizaines de mètres au large, ensuite turquoise et par endroits bleu plus profond. Sable fin blanc et palmiers et nature abondante en bord de plage. Bref, après la balade dans le parc, nous nous sommes arrêtées pour profiter de ce petit coin de paradis pour deux-trois heures. Cet endroit était si fabuleux que je compte y retourner seule pour 3 jours la semaine prochaine.

 Notre petit hôtel super mignon, à 9 dollards la nuit :)

 Le Parc National et les plages splendides de Cahuita...













 Ce petit rigolo a tenté de profiter de mon inattention pour voler mon ananas dans mon sac !




Le lendemain, Eva et moi sommes retournées à Quelonios, les deux autres partaient pour de nouvelles aventures. C'est comme cela ici, on croise la route d'une personne avec qui on fait un bout de chemin, on partage intensément en peu de temps, et puis on se quitte pour prendre chacun une direction différente, et on continue d'avencer, toujours plus riche de chaque nouvelle rencontre.

La deuxième semaine au projet s'écoule au rythme du soleil et des patrouilles. De nouveaux volontaires arrivent, d'autre partent. Julian part, son voyage touche à sa fin, nous nous sommes dit au revoir mais pas adieu car comme il vit en Allemagne, nous pourrons nous revoir en Europe, tout comme Wibke et Gion, avec qui nous avons déjà prév de nous revoir pour un weekend en Belgique au mois d'août.

Le confort du camp est très rudimentaire. Il n'y a ni élecricité ni eau potable courante. Nous allons remplir régulièrement des bidons d'eau à une pompe, à 10 minutes de marche du camp. Une fois sur deux, il n'y a pas d'eau non plus (robinet, douche, toilette), ce qui signifie qu'il faut parfois remplir un seau d'eau de mer pour tirer la chasse ;) Il n'y a pas de douches non plus, seulement un robinet, dehors, sans cabine. Pour se doucher, on rempli un seau d'eau (ça met longtemps car il n'y a pas beaucoup de pression dans le robinet) et on s'asperge avec un verre d'eau. On se lave en maillot comme il n'y a pas de cabine. Pour se laver les cheveux c'est folklorique, comme pour laver ses vêtements, on prie à chaque moment pour qu'il y ai assez d'eau pour le rinçage. Un jour j'ai commencé une lessive et quand tous les vêtements étaient imprégniés de savon, le robinet a déclaré forfait: Et dans ces cas-là, on ne sait pas combien d'heures plus tard l'eau reviendra... Si la situation arrive quand on se lave les cheveux, la seule solution est de courir se rincer dans la mer ! Une vraie aventure, où l'on prend également pleinement conscience de ce que vivent les gens qui, toute l'année, vivent dans un environnement sans électricité ni eau courante.

Dès 6h du soir, il faut utiliser des bougies et lampes de poche car la nuit tombe vite : en 15 minutes, il fait nuit noire. Et comme nous sommes en bordure de plage MAIS en forêt, sous les arbres, nous ne pouvons profiter de la lumière naturelle de la lune et des étoiles. Dès la tombée de la nuit également, il faut se couvrir de produit anti-moustiques car entre la mer et les canaux, avec le climat chaud et humide, ils sont nombreux et affamés, j'en ai fait les frais ! Mes jambes ressemblaient à un cramique..

Finalement, un projet très intéressant et plein de rencontres et de découvertes enrichissantes ! Je repars chargée de souvenirs et riches et fière de cette nouvelle expérience.

A présent, mon mois de volontariat s'achêve. Il ne me reste plus que deux petites semaines ici au Costa Rica. L'une sera destinée à voyager quelques jours seule, au Parc National de Manuel Antonio premièrement, à Cahuita ensuite. La seconde et dernière semaine, je compte me réinscrire pour une semaine de cours d'espagnol en plus, car maintenant que j'ai beaucoup pratiqué lors de mes projets, j'ai besoin d'apprendre de nouvelles choses et j'aimerais aussi qu'un professeur puisse corriger toutes les petites fautes que je fais en parlant de manière courante, sans réfléchir. Mais lors de ces deux dernières semaines, j'aurai sûrement encore l'occasion de venir rédiger quelques histoires sur mon blog..

dimanche 3 avril 2011

Projet de volontariat a Romelia

Je profite de mon seul jour de congé pour venir partager quelques informations toutes fraîches de la suite de mes aventures ! Je suis partie de San José dimanche passé, le 27 mars, un mois exactement aprés mon arrivée ici au CR. Après 5h de trajet avec bus et ferry pour traverser le Golfe de Nicoya, je suis arrivée au petit village de Montezuma, au Sud de la Péninsule de Nicoya. Une personne du projet devait normalement m'attendre à l'office des projets volontaires mais évidemment... personne ne m'y attendais ni personne n'était même au courant de mon arrivée, et le coordinateur des projets est injoignable ! Le Parc Naturel dans lequel j'effectue mon projet se trouve à 45 minutes de marche de Montezuma, mais n'est accessible que par la plage car aucune route n'existe. Evidemment, je n'étais pas au courant de ce petit détail.. Je suis donc venue ici avec ma grande valise à roulettes bien lourde dans laquelle j'avais mis tout ce que je pensais utile pour partir dans cette nouvelle aventure dans la jungle... BEAUCOUP TROP donc ! Cela n'aurais pas été trop s'il y avait eu une route. Mais voilà, le trajet se fait a pied, en traversant 4 plages consécutives de sable et de roches, traversées par des petits ruisseaux qui se jettent dans la mer et jonchées de troncs et branches échouées le long de la plage, le tout sous 45 degrés. Inutile de préciser que la valise, elle ne roule pas sur le sable. C'est donc a bras que j'ai transporté mes affaires jusqu'au projet, à 14h, heure la plus chaude de la journée ! Heureusement, j'ai rencontré a Montezuma un garcon que j'avais connu à l'école d'espagnol a San José, et il a donc pu m'aider dans cette première lourde tâche mais aussi m'indiquer le chemin car je débarquais seule dans un lieu que je ne connaissais absolument pas ! Bref, ce fut très folklorique ! Mais finalement, tout s'est bien terminé. Je redoute juste le moment du retour où je devrai a nouveau porter mon énorme valise mais sans doute seule car l'ami en question a quitté le projet hier et actuellement, je suis la seule volontaire. Une autre fille va peut-être arriver ce soir..








Le travail ici est divers, il y a différentes tâches auxquelles les volontaires prennent part. La première, la plus importante, est le travail dans le "vivero", sorte de couveuse pour protéger et surveiller les oeufs de tortues. Mais avant de détailler le travail du vivero, un petit mot d'explication sur les tortues s'impose.. 

Au Costa Rica, 5 espèces de tortues de mer viennent pondre leurs oeufs. C'est énorme quand on sait qu'il existe 7 espèces différentes de tortues de mer en tout dans le monde. Sur les plages du Sud de Nicoya viennent pondre les tortues Olivâtres de Ridley, en espagnol "Tortuga Lora". La période de ponte pour cette espèce commence vers juillet et termine vers octobre. Cependant, il y a des tortues "hors-saison" qui viennent pondre toute l'années (comme une tortue toutes les 2 ou 3 semaines) mais les oeufs sont alors souvent non fécondés et ne donnent donc naissance a aucun petit. Depuis quelques années ou quelques dizaines d'années, les tortues de mer sont très fort menacées pour différentes raisons :

1) Braconnage : les habitants locaux tuent les turtues pour utiliser leur carapace pour faire des bijoux ou des branches de lunettes, par exemple.

2) Vol et vente des oeufs de tortues qui se dégustent de manière tout à fait illégale (depuis quelques années il existe une loi qui interdit le ramassage et la vente des oeufs, mais comme je le voyais encore sur le marché a San José, ce trafic n'est pas encore terminé !)

3) Les produits chimiques déversés dans la mer tuent les tortues qui les absrbent ou s'enlisent dedans. 

4) Les sac plastiques qui flottent dans les eaux marines ressemblent a des méduses, nourriture privilégiées de certaines espèces de tortues.. en tentant de les ingurgiter, elles s'étouffent ou se coincent la tête dedans.

5) Les élisses des moteurs des bateaux qui longent les côtes où les tortues viennent pondre peuvent briser des pattes ou la tête des tortues.

6) Les filets de pêche sont encore une cause de mort des tortue qui s'y coincent et ne peuvent s'en dégager. 

7) A plus grande échelle, les changements climatiques, combinées au développement du tourisme et de l'urbanisation des plage, contribuent a changer la forme, la composition et la place des plages. Or, il faut savoir que par un instinct venu du fond des âges, les tortues de mer se rendent toujours sur la plage où elles sont nées pour pondre. Mais les plages ne sont plus toutes aussi acceuillantes et propices qu'avant pour profiter a la reproduction des tortues.. 

Bref, de nombreuses causes de menace de cet animal. Il y a donc une sensibilisation grandissante au Costa Rica pour protéger autant que possible ces espèces et pour favoriser l'écolsion du plus possible d'oeufs de tortue. 

La première chose à faire est d'abord le patrouillage, de nuit puisque les tortues viennent pondre seulement la nuit. On arpente les plage sur des kilomètres pour trouver les tortues qui s'y aventurent. Si on trouve une tortue, il faut la marquer avec une sorte de piercing (si elle n'est pas encore marquée), afin de pouvoir étudier ses déplacements et faire des statistiques. Une tortue vient pondre 5 ou 6 fois 100 oeufs, chaque fois a une semaine d'intervalle environ, puis revient l'année suivante pour le même scénario). Le marquage permet d'étudier ses allées et venues et d'anticiper ses visites afin de mieux la protéger. Ensuite il faut voir où elle a pondu ses oeufs. Si le nid est a un endroit menacé (par les animaux ou par la marée), on les détère et on les replace a un meilleur endroit. Pendant la période de ponte, tous les nids sans exception sont ouverts et vidés et tous les oeufs sont transportés dans le vivero afin de prendre le plus de précautions possible. 

Le vivero est une petite place artificielle, reculée et délimitée, que l'on construit manuellement en transportant du sable de la plage et en le filtrant afin qu'il soit impeccablement propre pour accueillir les oeufs. Quand des oeufs y sont déposés (c'est a dire pendant toute la période de ponte), il faut une surveillance permanente, 24h sur 24h pour protéger les nids des prédateurs et surveiller la naissance des petits pour les aider ensuite a rejoindre la mer sans encombres. Le vivero est donc une sorte de couveuse, avec un système de garde permanente, comme en maternité. Pour le moment, le vivero n'est pas encore pret pour la nouvelle saison de ponte, on travail donc dur pour transporter le sable dans des sauts de 5 a 10 kilos et ensuite tout filtrer avec de grands tamis. Sous 40 degré dans un sable brûlant, c'est vraiment pas un travail facile. J'espère que les tortues apprécieront !

Voici donc le travail actuel dans le vivero. Actuellement, on construit aussi une petite cabane de bois pour la surveillance du vivero qui exige une présence constante, par tous les temps. La petite cabane sert donc a protéger tant du soleil que de la pluie. Elle est loin d'être prête !

La deuxième grande partie du travail ici se fait au village de Montezuma. L'association de volontaires travaille tant pour la nature que pour la communauté. Il y a donc un projet de recyclage et de tris des déchêts. Le matin, je fais donc mon sport en me rendant a Montezuma par les plages pendant 45 minutes de marche, pour me rendre à la déchêterie de Montezuma, où la majeure partie du travail consiste à débouchonner des bouteilles, les écraser et les trier dans différents sacs afins qu'ils soient transportés à l'usine de recyclage. Contrairement au travail du vivero, celui-ci est un travail léger et facile, mais sous le soleil tapant (pas d'ombre dans la déchêterie) c'est vraiment épuisant ! Par contre un chouette point, c'est que quand on travail le matin au recyclage, on mange dans un resto de Montezuma sans payer (un resto différent chaque jour). Ca fait plaisir car à Romelia, la nourriture n'est pas toujours excellente.





Les autres tâches sont diverses mais moindres : laver les communs, entretenir les chemins du parcs afin qu'ils restent visibles et praticables, arroser les plantes dans le potager et dans le mini jardin de plantes médicinal...

En général on travail de 8h30 a 11h, de 13h a 14h et de 16h a 18h. Mais les horaires varient en fonction de différents paramètres et il n'y a donc pas de généralité.. Entre chaque tranche de travail, tout le monde passe a  la douche car ici, s'il fait plein soleil, nous on pleut de transpiration toute la journée et avec le sable et le sel qui colle sur tout le corps, c'est pas très agréable ! Le soir c'est un soulagement de se coucher !!

Le décors ici est vraiment paradisiaque, j'ai beaucoup de chance ! Je suis entre la mer a perte de vue et la jungle remplie d'animaux divers. Des singes hurleurs qui nous réveillent a 4h du matin aux iguanes qui se dorent au soleil sur les chemins, entre les oiseaux bleux et les couleuvres vertes, entre les scorpions et les chauves-souris... C'est comme si je vivais dans un zoo où tous les animaux vivent dans la même cage et que j'étais au centre.. Sauf qu'il n'y a pas de cage et que tout est juste naturel ici. Quand on rentre du vivero, a 18h, en marchant 15 minutes par la plage, je me rempli les yeux des couleurs magnifiques du ciel lors du coucher de soleil.. rouge, rose, turquoise.. Avec le bruit des vagues énormes qui s'écrasent contre les rocher juste 15 mètres plus bas.. Un régale de chaque instant !








Pour ce qui est du lieux de logement, je suis logée dans une sorte de gite où vit seulement le staff, les volontaires et la cuisinière. Le staff se compose de Roger et Anne, Roger est super sympa et très cool et compréhensif pour le travail. Anne est plus froide et exige beaucoup beaucoup des volontaires. Par exemple, elle nous a fait levé deux fois dans la semaine a 5h du matin pour bosser deux heures au vivero avant le déjeuner, suivit d'une journée de boulot normale et d'une patrouille de nuit de trois heures, et le lendemain, elle voulait de nouveau que l'on se lève a 5h !! Mais heureusement que Roger est là pour rétablir un peu de raison dans le programme ! :)



 En bas, la pi}ece de vie et en haut, le dortoire des volontaires.
Derrière, le bout qui dépasse un peu, c'est la cuisine.

 Le dortoire des volontaires, dans le toit, totalement ouvert des deux côtés sur l'extérieur.
Ce qui explique la nécessité de la moustiquaire !

 La seule pièce de vie : un hammac, une table et deux bancs, ca nous suffit comme confort. 

Roger qui s'apprête a couper une noix de coco avec sa machète. 
La noix était super bonne ! ;)

Une semaine derrière moi, et une autre qui reste à venir ici a Romelia.

Ensuite je me rendrai pour deux semaine sur l'autre côte du pays, la Côte Caraïbe, pour aider dans un autre projet volontaire, qui s'appelle Quelonios. Sur cette côte, c'est la saison de ponte des tortues (une autre espèce et j'aurai donc l'occasion d'en voir vraiment !) Le projet que je voulais faire au début est finalement annulé car les volontaires ne sont plus autorisés à travailler avec les tortues, mais a Quelonios, plus au Nord, entre Limon et Tortuguero, le projet semble bien et nous travaillons SURTOUT avec les tortues !!